Black Hole et sa « peste adolescente », El Borbah et son lutteur –détective, Big Baby et ses histoires d’adultes tordus, Dog Boy et son cœur de chien greffé, Doug perdu dans des mondes parallèles et aux multiples personnalités (doppelganger ? Tulpa ?), voilà presque quarante ans que Charles Burns nous plonge, avec délices (reconnaissons-le) et effrois dans des mondes familiers où les genres policier, romance comics, science-fiction des années 1950 sont malaxés et revus dans un noir et blanc expressionniste et maintenant en couleurs. Le malaise est d’autant plus grand que tout ceci est servi par une ligne claire tendance Hergé. Fuyant une relecture second degré qui pourrait conduire à une certaine condescendance de la sous-culture, Burns lui fait au contraire un grand honneur , ne s’empêchant pas par ce biais d’approfondir, dans Black Hole par exemple, les doutes, les peurs et les interrogations d’ados aux prises avec une terrible maladie ou avec leurs premières histoires d’amour. Burns étant aussi un illustrateur hors pair, ces mêmes sentiments ressortent lorsqu’il exécute de superbes portraits hyper réalistes ou ses fameuses fausses couvertures des « romance comics ».
Bref , c’est tout cela et encore plus que vous fera découvrir cette exceptionnelle exposition…