Depuis que Philippe Manœuvre existe en tant que rock critic, la question se pose : est-il vraiment un imposteur ? Est-il vraiment intéressant ? Pourquoi l'écouter, et surtout, pourquoi le lire ?
L'auteur de ce Flashback acide est indissociable du journal dans lequel il bosse depuis (trop) longtemps : Rock & Folk. Magazine un peu ringard mais incontournable pour qui s'intéresse à la culture rock. Incontournable et donc fort discutable. Il n'y a qu'à regarder les couv' de R&F : aucune audace, les mêmes groupes depuis des années, les mêmes rengaines sur la fin du rock, les mêmes chroniques, le prisme parisien, la fascination maladive pour les années 60-70 etc etc... Le seul pas de côté c'est d'avoir promu la génération des bébés rockeurs au milieu des années 2000. Tentative immédiatement torpillée (à mon avis fort injustement) par les snobs du rock français. Il ne s'agit pas de faire le procès de R&F, ni celui de Manœuvre qui s'est tristement compromis dans la Nouvelle Star, mais de lire un bon bouquin. Et ce livre est un bon bouquin. Un truc qu'on lit à toute vitesse, comme un article de magazine, où on trouve suffisamment de connaissances superficielles, d'anecdotes éculées mais croustillantes, de plaisir facile et coupable, où le name-dropping remplace le style, où la drogue et l'alcool font office de ponctuation, pour passer un bon moment.
Car oui, ce Flashback acide vous fera passer un bon moment. L'histoire du rock se mêle bien à la vie du bonhomme, qui intercale ses souvenirs et ses anecdotes avec soin, évoquant sans fard ses addictions et celles de ces proches (la coke, l'alcool, le cannabis aussi mais avec plus de bienveillance). La meilleure bande-son l'accompagne, tous ces gens qu'il côtoie semblent bien sympathiques et on a plaisir à le suivre. Que demander de plus ? La couverture est superbe et cela donne envie de combler les lacunes en jetant un œil aux bacs de CD du Pavillon blanc...
