Et si la science brode sur les l'étoffe des rêves ? le mentir-vrai dans les sciences

 

 

Sécurité. Pour accéder au portail de votre bibliothèque, merci de confirmer que vous n'êtes pas un robot en cliquant ici.

Quand le Soleil cessa de tourner autour de la Terre

 A la charnière des XVIe et XVIIe siècle, deux astronomes avaient minutieusement relevé les positions successives des astres dans le ciel étoilé avec une précision inégalée jusqu'alors. Ils ne disposaient pas de télescopes ni de lunettes astronomiques contrairement à leur contemporain Galilée (1564-1642) ; ils avaient développé une méthode de pointage des astres qui permettait de mesurer les angles de la position d'un astre au cours de temps. Les instruments de mesure avaient été mis au point par l'astronome Tycho Brahé (1546 – 1601). Une quantité considérables de données furent consignées dans des tableaux par l'astronome et son collaborateur Johannes Kepler (1571-1630). Ce dernier était aussi mathématicien et c'est sur l'analyse de ces tables qu'il a pu établir un nouveau modèle du mouvement des planètes, des étoiles et du soleil. Kepler était un lecteur de Nicolas Copernic (1473-1543), un astronome qui avait proposé un modèle de système astronomique différent celui qu'on admettait à l'époque. Ce dernier plaçait la Terre au centre de l'univers tandis que celui de Copernic plaçait le soleil en son centre  : il faisait tourner les planètes autour quant aux étoiles elles étaient fixes. Cette nouvelle conception n'était pas conforme l'expérience quotidienne ; tout le monde, chaque matin peut voir le soleil se lever, prendre de la hauteur jusqu'à l'heure de midi puis redescendre vers l'horizon après avoir traversé le ciel d'est en ouest. D'évidence, le soleil bouge et le plancher des vaches constitue un modèle de stabilité et de fixité. Concevoir le monde terrestre comme étant en mouvement était alors très difficile et le modèle de Copernic était d'autant plus difficile à imaginer qu'il postulait un double mouvement de la Terre ; un mouvement de rotation sur un axe et un mouvement décrivant un cercle autour du soleil. En plus de cela, Copernic proposait que les planètes, dont les mouvements apparents dans le ciel sont irréguliers, suivaient une trajectoire circulaire autour du soleil analogue à celle de la Terre. Bref, l'hypothèse de Copernic était loin de paraître naturelle à ses contemporains.

Comme peu de gens étaient préparé à imaginer le système de Copernic, il fallait faire un important travail d'imagination pour se représenter une course des planètes autour d'un soleil immobile qui soit  conciliable avec le sens commun.

"L'imagination est plus importante que le savoir" (Albert Einstein)

Comme bien souvent dans l'histoire de la pensée, il fallut donc en passer par l'imagination. Comment? En se projetant sur un autre point de vue ; imaginer ce que nous verrions si nous étions ailleurs (sur la lune par exemple). Kepler était persuadé que la Terre tourne sur elle-même et que le mouvement de la lune ou du soleil n'est qu'apparent. Il imagina donc ce qu'il verrait du mouvement de la Terre s'il se trouvait sur le lune. Cette expérience en pensée, il la fit pour lui-même, comme l'avait fait avant lui Copernic pour imaginer son système. Mais Kepler voulait désormais convaincre, tandis que Copernic ne proposait qu'une hypothèse. Or pour convaincre, il lui fallait d'abord emporter l'imagination de ses interlocuteurs. Cela détermina Kepler à écrire un conte où un personnage voyage en rêve sur la lune. Ainsi il déclare que "Le but de mon Songe est de donner un argument en faveur du mouvement de la Terre, ou plutôt d'utiliser l'exemple de la Lune pour mettre fin aux objections formulées par l'humanité dans son ensemble qui refuse de l'admettre."

Cette "singulière histoire, où se mêlent une sorte de broderie narrative fabuleuse et des données d'ordre scientifique" (Franck Guyon)  est cependant bien loin d'avoir la sécheresse schématique d'une démonstration mathématique. La structure narrative est faite de récits emboités (comme la littérature de la Renaissance en donne de nombreux exemples) : Kepler ne s'est pas contenté, comme on pourrait s'y attendre, d'emboiter le récit d'un rêve dans le récit de celui qui rêve. Kepler ne rêve pas qu'il voyage sur la lune : il rêve qu'il trouve un livre dont il nous raconte la teneure : c'est le récit d'un personnage nommé Duracotus. Par certains côté il ressemble à Kepler ; sa mère est une sorte de sorcière (la mère de Kepler a été accusée de sorcellerie) et il a appris l'astronomie avec un certain Tycho Brahé.

A lire aussi, à propos et rapports entre la science et la fiction littéraire :

Sécurité. Pour accéder au portail de votre bibliothèque, merci de confirmer que vous n'êtes pas un robot en cliquant ici.
 
Sécurité. Pour accéder au portail de votre bibliothèque, merci de confirmer que vous n'êtes pas un robot en cliquant ici.