C’est sous ce titre adapté d’un roman de Yasutaka Tsutsui (en deux tomes aux éditions Ynnis) que Satoshi Kon, alors au faîte de sa carrière, mais fauché par la maladie quelques mois plus tard, nous laisse en 2006 ce qui sera son ultime anime en forme de feu d’artifice qui pousse encore plus loin la frontière rêve/réalité, l’amour du cinéma ou les doux dingues…

Dans un futur proche, une équipe de scientifiques vient d’inventer une machine, la D.C mini, capable de s’introduire dans les rêves. Encore à l’état de prototype elle est utilisée seulement dans quelques cas. Ainsi Paprika, alter-ego virevoltante et joyeuse du docteur Atsuko femme plutôt sérieuse et rigide, veille en tant que gardienne sur leurs rêves mais tout se dérègle lorsque la machine est substituée et qu’une force (?) s’empare de tous les rêves. Il faut voir le choc des rêves se déversant littéralement dans la réalité, où absolument tout se métamorphose: objets du quotidien, animaux, humains, fantasmes… au son d’une musique de fanfare qui fait froid dans le dos dès qu’elle se fait entendre. Mais il y a un trésor caché dans cette farandole gargantuesque, celui de l’histoire du détective Konakawa qui avec l’aide de Paprika, essaye de dénouer une affaire vieille de plusieurs années, le sol se dérobant sous ses pieds au fur et à mesure de sa résolution. Brillante réflexion sur le cinéma, continuation de sa célébration commencée (et de quelle manière !) dans Millenium Actress (2001), références au Scottie de Sueurs froides (Alfred Hitchcock,1958) qui souffrait de vertige ou au bar de Shinning (Stanley Kubrick,1980), ce film dans le film se sert des rêves pour parvenir à une véritable psychanalyse : la solution est à trouver dans l’enfance de l’art… D’autant plus que Konakawa se présente comme réfractaire aux films ! L’on n’oubliera pas non plus le créateur de la D.C mini, l’énorme et sympathique Tokita, bâfreur jovial qui annonce le nouveau regard que la pop culture commençait à porter sur les geeks ou otakus, vus comme d’éternels perdants ou se transformant en dangereux psychopathes à l’instar du premier opus de Satoshi Kon, Perfect blue (1999).

Plein comme un œuf prêt à exploser, supportant mille et une visions, Paprika est bien cette épice qui titille nos rêves encore et encore…

 

 

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