Le procès de France Telecom Orange s'est tenu en 2019. Certains dirigeants étaient accusés d'avoir organisé sciemment la maltraitance des salariés, les conduisant parfois au suicide.
Sandra Lucbert a choisi un angle très intéressant pour traiter ce procès, elle ne rentre pas dans les détails du procès qui a été longuement et largement traité dans nombre de journaux et d'ouvrages mais s'attache à analyser la mécanique managériale mise en œuvre, les rouages de la machine, qui broie les hommes sans s'interroger.
Agrégée de lettres, elle s'attache tout particulièrement à l'analyse de la langue managériale : on ne dit pas salariés mais collaborateurs, on ne dit pas protégés mais assistés, on ne dit pas protection mais trop-de-protection. On ne parle pas de plan de licenciements, mais on met en place des plans managériaux avec de superbes acronymes le TOP, le NExT, l'ACT qui servent la mécanique du management par le flow (= les flux des capitaux) soit l'essence même du capitalisme.
Sandra Lucbert décortique ce mécanisme dans un langage clair, factuel et accessible, son livre vient d'ailleurs d'obtenir le prix des Inrockuptibles essai.
Son angle de traitement lui permet de prendre de la hauteur par rapport à ce procès et par ricochet élargit sa réflexion à toutes les entreprises. Malheureusement après la lecture de ce livre, dans le contexte actuel de la crise du Covid on ne peut pas douter de la mise en place actuelle ou future de nouveaux plans, avec sûrement de nouveaux noms très funs...
"Finalement, cette histoire de suicides, c'est terrible, ils ont gâché la fête" Didier Lombard, PDG, à la barre.
Egoïstes
