Attention, il s'agit d'une anti-pépite ! Dans cet article, on démine !

Laurent Obertone n'en est pas à son coup d'essai. Après ses publications sulfureuses dont La France orange mécanique où il décrit un pays proie à la délinquance causée par le laxisme de l'Etat face à l'immigration (j'exagère à peine son propos), il publie en 2016 une fiction dont le titre pourrait passer pour un roman policier d'anticipation : Guerilla, le jour où tout s'embrasa, qui raconte comment une bavure policière dégénère en émeute nationale. A première vue, le synopsis n'a rien de suspicieux. La narration, distante, rédigée de façon journalistique et à la manière d'un journal, masque cependant assez mal les parti-pris haineux de l'auteur. Car Laurent Obertone écrit surtout cette fiction pour distiller son analyse politique et raciste de la société. Le prétexte du futur (au demeurant très proche : ) expose la vision qu'il a des journalistes, des habitants des cités, de l'immigration, de la police, de l'Etat, du Président, des gens de gauche...

Le procédé est habile, l'écriture d'Obertone est alerte, mais ses ficelles sont grosses et son idéologie est transparente. Dans Guerilla, Obertone exploite des thèses qui sont retrouvent dans la fachosphère : les immigrés (qu'il désigne ironiquement les "itinérants") sont des barbares, ils violent les femmes, frappent les blancs, attaquent la police, détruisent pour détruire et sont tous islamistes radicaux. La Police est incapable car marginalisée, en proie à la bienpensance laxiste. L'Etat est faible car gouverné par le "bien vivre ensemble". Tous les journalistes sont d'une gauche mièvre et coupable. Seuls quelques militaires (la figure du Colonel à la retraite, alcoolique, machiste mais au final, altruiste) sont dignes d'intérêt dans ce monde qui court à sa perte.

Le grand problème que pose se livre et son atout indéniable est à la fois son succès et sa médiocrité. Succès car Obertone, et son éditeur peu recommandable (Ring éditions), ont réussi à hisser le titre en haut des ventes. Obertone parle bien, il donne des interview choc, il plaît. Son éditeur est fier que la Police en fasse son livre de chevet (ou de bureau) :

 

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Médiocrité aussi car le discours idéologique est au final assez faible, confus et pétri d'amalgames. Peu importe, L'auteur pourra toujours faire passer ses clichés sociaux pour de la littérature. Personne n'est dupe. C'est le grand atout de ce livre : donner l'impression d'avoir toujours raison. Mais cette assurance est là uniquement pour jouer sur les peurs. Obertone joue avec les peurs sociales pour exalter les fantasmes sécuritaires et la xénophobie.

Plutôt que de lire cette suite de pages, je vous laisse regarder la bande-annonce qui résume bien la faiblesse de l'ensemble : clichés faciles, pathos à peu de frais, narration laborieuse :

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