Et si on s'évadait au Brésil avec "Bacurau" de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles, prix du jury de l'an dernier au festival de Cannes ? Ici pas question de vacances au soleil. Indéfinissable, "Bacurau" mêle la science-fiction au western tout en dépeignant un drame social. 

Dans un futur proche, dans le village de Bacurau, dans le sertão brésilien fait le deuil de sa matriarche Carmelita qui s'est éteinte à 94 ans. Quelques jours plus tard, les habitants remarquent que Bacurau a disparu de la carte, mais ce n'est pas tout. Les habitants et objets se mettent, eux aussi, à se comporter étrangement, à commencer par les cercueils omniprésents. 

Avec son film "Aquarius" en 2016, Mendonça Filho dépeignait déjà son pays en déliquescence au travers du portrait d'une femme et de son quartier. Ici il continue de dessiner les contours d'un pays qui se dirige de plus en plus dans le déni de l'individu, et ouvre son récit sur une communauté entière, mettant en lumière l'environnement et les ressources par les enjeux à venir sur la problématique de l'eau.
De la fable dystopique, au western horrifique, en passant par une ambiance faussement tranquille, lumineuse et baroque, et où les traditions perdurent, sous psychotropes la plupart du temps, les deux cinéastes dépeignent la misère de cette communauté abusée et ouvrent une réflexion sur l'oubli de ces contrées éloignées, sur les solutions des plus démunis face à la dictature des élites, et sur l'urgence qui fait rage pour eux, quel que soit le pays. 

Parfois comparé aux films de John Carpenter, notamment par sa bande originale, mais également par sa volonté de traiter de sujets de société et de critiquer l'empire américain au travers du film de genre, "Bacurau" est une bonne découverte, inventive, différente, parfois excessive, nous rappelant les difficultés que peuvent rencontrer les individus isolés face à la corruption, à la politique, mais aussi face à la survie, quand les élites décident de ne rien céder.

Le cinéma brésilien n'a pas fini de nous surprendre, tant dans le fond que dans la forme, et il a, on l'espère, de beaux jours devant lui !

Par chance, nous nous sommes procurés ce film avant le confinement et il est désormais dans nos collections, prêt à être découvert et emprunté ! N'hésitez plus ! 

 

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