Il y a peut être deux sortes de philosophes. Ceux qui s'étonnent qu'il y ait quelque chose plutôt que rien. Les autres s'étonnent qu'on s'en étonne. Ce récit vulgarise de manière vivante et historiquement circonstanciée ce qui pouvait bien se passer dans des esprits aussi confinés que ceux de Ernst Cassirer, Walter Benjamin, Martin Heidegger et Ludwig Wittgenstein. Si leurs écrits restent encore hermétiques au plus grand nombre, Wolfram Eilenberger les éclaire à travers le récits de leurs vies qu'il nous restitue dans l'Histoire avec tous les aspects les moins glorieux de leur existence sociale.

 

Citation extraite de la page 109

DEUX HURLUBERLUS

Imaginons à titre d'expérience deux jeunes hommes flânant en ville. Tout à coup, l'un dit à l'autre:

"Comme c'est étrange qu'il y ait à proprement parler quelque chose! Comme c'est curieux: là! Et là! Et là! Tu le vois aussi?" Et l'autre acquiesce d'un signe de tête et répond: "Oui, je le vois. Cela se montre également à moi. Et tu sais, je me dis toujours: C'est pas comment est le monde qui est le Mystique, mais qu'il soit."

Quels hurluberlus! Et pourtant, Martin Heidegger et Ludwig Wittgenstein auraient tout à fait pu avoir cet échange en 1919. Et l'on peu supposer avec une grande certitude philosophique qu'ils se seraient admirablement compris. Sauf que Heidegger aurait continué à parler et à philosopher sur le sens de ce "Il y a". Wittgenstein, en revanche, absolument pas. Car tandis que l'un (Heidegger) présumait qu'il en allait ici d'un questionnement authentique, d'une véritable percée vers une appréhension non biaisée de l’Être, l'autre (Wittgenstein) ne voyait que non-sens et faux problèmes créés par le langage.

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