Au-delà du terrain - du 31 mai au 31 août 2024
Dans le cadre de la saison Sport et culture, la photographe Emma Riviera a été accueillie par la Ville entre les mois de novembre 2023 et de février 2024 pour mener un projet de création sur l’histoire populaire du sport à Colomiers. L’exposition Au-delà du terrain donne à voir les fruits de ses rencontres sportives et les met en résonnance avec la série Les Rugbywomen : plaquer les stéréotypes (2017) de l’anthropologue et photographe Camilo León-Quijano. Ce dernier a photographié le quotidien d’un groupe de joueuses de rugby de Sarcelles (près de Paris), de Decines- Charpieu (près de Lyon) et de Bogotá (Colombie).
La série Les Rugbywomen : plaquer les stéréotypes de Camilo León-Quijano est issue d’une recherche doctorale menée à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) et qui s’est traduite par la publication de l’ouvrage La Cité. Une anthropologie photographique aux éditions de l’EHESS, en 2023. Sa démarche relève de l’ethnographie visuelle : l’anthropologue étudie les sociétés et les cultures par l’intermédiaire de la photographie. Selon lui, les images ont beaucoup plus à nous apprendre que des données ou des chiffres sans vie. De 2015 à 2018, il s’est immergé dans la Ville de Sarcelles, symbole de la cité-dortoir en région parisienne, afin de donner à voir et à entendre le quotidien de ses habitantes et de ses habitants. Dans le cadre de la saison Sport et culture, la photographe
Dans les représentations médiatiques, filmiques et photographiques, Sarcelles apparaît comme l’une des figures emblématiques des banlieues françaises. Cette commune dispose de l’un des premiers et plus vastes grands ensembles de France, construits au lendemain de la Seconde guerre mondiale dans le but d’en faire une « ville nouvelle ». Affectée par de nombreux problèmes sociaux, Sarcelles fait l’objet de préjugés et de stéréotypes importants. L’anthropologue se demande alors « […] comment faire pour « voir au-delà » des problématiques et des stigmates ? »1. Muni de son appareil photographique, Camilo León-Quijano dresse un récit en images de personnes peu représentées dans l’imaginaire des banlieues : des sportives, des membres de la classe moyenne ou de collectifs de citoyens, une personne âgée et des enfants. La photographie permet à l’anthropologue d’exprimer des sensations et des expériences que les mots seuls ne peuvent pas montrer.
Les photographies argentiques d’Emma Riviera sont prises sans artifice et représentent des familles ordinaires. Les familles Vanderscnick, Trassy et Leguevaque nous ouvrent les portes de leurs domiciles et témoignent de l’influence du sport sur leur vie. Les sujets posent, parfois modestement, devant l’appareil de la photographe. La neutralité du cadrage et des couleurs leur donne un air intemporel. Il devient alors difficile de distinguer les portraits d’Emma Riviera de ceux des photos de familles. Par l’intermédiaire de ses photographies et de leur mise en scène dans l’espace d’exposition, la photographe fait le choix délibéré d’accorder de la valeur aux albums de famille et à la composition parfois maladroite des images.





