Cette exposition collective fait l'hypothèse qu'à l'ère numérique, les profils pourraient constituer un nouveal art du portrait.

EXPOSITION AVEC EMILIE BROUT & MAXIME MARION, JOHANNA BENAINOUS & ELSA PARRA, PAULINE ZENK, ET JEAN BOÎTE EDITIONS

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Cette exposition fait l'hypothèse qu'à l'ère numérique, les profils pourraient constituer un nouveal art du portrait. "Profils" comme identités sociales, comme pseudo, traverstissement, voire double vie... Les artistes de cette exposition composent une galerie de portraits et tracent ainsi les contours de ce que serait notre identité numérique. Identifié à ses débuts comme un espace qui permettrait de s’inventer une autre vie et de s’émanciper de nos déterminismes, internet apparait aujourd’hui comme un espace paradoxal. Un espace ou le surf reste facile mais laisse place à la surveillance; un espace où la notion d'identité est chmaboulée, entre selfies, profils facebook, photos intimes exposées en public. A travers des pratiques telles que la photographie, la vidéo, la peinture et l'édition, ces artistes font notre portrait à l’ère numérique.

Ghosts Of Your Souvenirs. Émilie Brout & Maxime Marion; Courtoisie galerie 22,48m2.

 

OEUVRES PRESENTEES:

Emilie Brout & Maxime Marion, Ghosts of your Souvenir, 2014 - 2016
Série d'autoportraits, photographies trouvées en ligne, performance. Avec le soutien de la DRAC Ile-de-France

« Ghosts of your Souvenir consiste en une collection de photographies touristiques, d’auteurs différents mais ayant toutes pour point commun notre présence systématique à l’arrière-plan. Le projet comporte ainsi une dimension performative – se rendre physiquement sur des lieux d’intérêt et y rester durant plusieurs heures dans le but d’être indirectement photographié – et une dimension d’enquête : à partir des informations de lieux et dates de notre présence, retrouver après coup parmi les images publiées en ligne celles où nous apparaissons. S’inscrivant dans une approche renouvelée et étendue de la photographie, nous opérons un déplacement dans l’acte de l’autoportrait. Cette série ne découle pas d’enregistrements directs de notre personne mais consiste à sélectionner, parmi la quantité astronomique de documents existants réalisés par des tiers, ceux où nous apparaissons. Les auteurs eux-mêmes n’ont pas conscience de notre présence lors de la prise, celle-ci ne comptant alors pas plus qu’un quelconque élément de décor. »

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Emilie Brout & Maxime Marion, Nakamoto (The Proof), 2014
Scan de passeport, fichier numérique .jpg, Production avec le soutien de la DRAC Île-de-France - Aide individuelle à la création et du Pavillon Blanc Henri Molina – Ville de Colomiers

Cette image scannée est la seule trace existante du passeport de Satoshi Nakamoto.« Nakamoto est le créateur du Bitcoin, système de paiement révolutionnaire permettant d’effectuer des transactions en ligne de manière anonyme et infalsifiable. Cette monnaie virtuelle est largement employée sur les darknets, réseaux garantissant l’anonymat à la réputation sulfureuse, notamment du fait des activités cybercriminelles qu’ils facilitent (commerce de stupéfiants, faux-papiers, etc.). Dès son premier message public et jusqu’à sa disparition le 12 décembre 2010, Nakamoto a tout mis en œuvre afin de préserver son identité. Non localisable de par ses adresses IP toujours différentes, ses messages sont publiés à des heures aléatoires et écrits dans un Anglais ne permettant pas de déterminer sa nationalité. Ayant créé les premiers bitcoins, on lui prête une fortune estimée à plusieurs centaines de millions d’Euros. L’importance de sa création et le mystère parfaitement maîtrisé autour de sa personne ont aujourd’hui fait de lui un véritable mythe contemporain, alimentant un nombre toujours croissant de rumeurs et de fantasmes. » Emilie Brout & Maxime Marion. A partir des indices trouvés sur la toile, les artistes ont commandé sur les réseaux du darknet et avec des bitcoin, un faux passeport qui permettrait de donner une réalité à Nakamoto. Ce passeport ne leur est jamais parvenu. Seule l’image scannée leur est parvenue, qu’ils mettent en scène sur le même type de scanner qui a servi à créer l’image.

 

Emilie Brout & Maxime Marion, Empire, 2018

Image de selfeet (selfie de pied) imprimée sur dibond. Production Le Pavillon Blanc Henri Molina – Ville de Colomiers

Parmi les images faites au téléphone portable aujourd’hui par tout un chacun, le selfie est devenu un genre à part entière. Il existe un sous genre : le « selfeet », c’est-à-dire le selfie de pied que les artistes mettent ici en scène sur le mur. Une image en basse résolution dont on aperçoit les pixels, est installée à quelques centimètres du mur, produisant une impression de flottement et de renversement : comme si le mur devenait le sol. En choisissant une image de charentaises, les artistes portent proposent au spectateur un regard à la fois amusé et lucide sur un pratique domestique devenue banale : la photographie au téléphone portable.

 

Jean Boîte Éditions, Kim Jong Il Looking at things, De João Rocha, 167 mm x 240 mm, Design graphique : Renaud Othnin-Girard

Kim Jong Il Looking at things est l’un des tumblr les plus suivi, partagé et imité de ces dernières années. Avec d’interminables séries de photographies du cher leader nord-coréen regardant des choses, cette srie fascine par son intensité et sa rigeur. Sans retirer à ces photographies leur fonction première – d’élever Kim Jong il au rang d’icône – cette série change la donne en matière de propagande. Les icônes changent de taxonomie, le regardeur est regardé, et la signification de ces images s’envole. Ce livre révèle notre fascination pour l’accumulation d’images en ligne, analysant comment des images banales deviennent virales

Jean Boîte Éditions, The Nine Eyes of Google Street View, de Jon Rafman – Introduction de Jon Rafman & poèmes de Guillaume Aubry, 167 mm x 240 mm, design graphique : Renaud Othnin-Girard

Pendant trois ans, l’artiste Jon Rafman a arpenté derrière son écran les rues du monde libre à travers l’œil de Google et capturé des images qui oscillent entre onirisme et photojournalisme. Dans cette publication exhaustive, le travail de Jon Rafman est mis en relief dans un ouvrage de 160 pages, bilingue, en couleur, et accompagné d’un texte critique de l’architecte et artiste Guillaume Aubry. Ce livre accumule une étrange galerie de portraits floutés, dans des situations à la fois quotidiennes et incongrues, de personnages qui se sont fait capturer leur image par Google…

Jean Boîte Éditions, #artselfie, par DIS magazine. Notes on selfies de Douglas Coupland, Conversation entre DIS et Simon Castets, 167 mm x 240 mm
Design graphique : groupe CCC

#artselfie émerge en 2012, grâce au collectif new-yorkais DIS, de la rencontre de deux objets culturels très puissants: le succès public de l’art visuel et un nouveau phénomène photographique massif, connu sous le nom de selfie.
Ces selfies en vis-à-vis d’œuvres d’art sont ainsi l’occasion de revisiter des questions classiques : si l’art est un miroir, que se passe-t-il si on lui oppose un autre miroir et qu’on se place au milieu ? Mais aussi d’aborder les formes inédites que prend le dispositif photographique à l’heure du smartphone. L’ordre traditionnel qui va du photographe au sujet en passant par l’appareil est bouleversé et, avec lui, la nature même des images et notre façon de les percevoir. Fondé par Mathieu Cénac et David Desrimais, Jean Boîte Editions est basé à Paris. La maison publie des livres à l’âge digital, dans le champ des arts, des humanités et de la poésie, avec des artistes et des auteurs internationaux, pour une diffusion mondiale.

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Johanna Benaïnous & Elsa Parra, A Couple of them, 2014-2016, France USA, 36 photographies extraites de la série, 60 x 90 cm chaque

« Dans leur première série photographique A couple of them (2014-2015), qui comprend plus de soixante-douze portraits et une vidéo, le spectateur croit se trouver face à une galerie de portraits bien avant de comprendre qu'il s'agit des mêmes modèles, les deux photographes, déclinés en une véritable typologie générationnelle. (…)Si les portraits se suivent et ne se ressemblent pas, alternant personnages féminins, masculine, rieurs, boudeurs, blonds ou bruns, il s'agit toujours bien des mêmes figures qui viennent hanter le regardeur. Au-delà de l'exploit de la métamorphose et du jeu de caméléon, ce qui se trame dans leurs images est avant tout le portrait d'une jeunesse. » Marine Benoit-Blain

Johanna Benaïnous & Elsa Parra, Très Estrellas, 2018, 45 mn, Co-production Le Pavillon Blanc Henri Molina – Ville de Colomiers

Réalisé à l’occasion de l’exposition, les deux artistes poursuivent ici leur projet : elles se mettent en scène devant et derrière la caméra, comme un Woody Allen ou un Clint Eastwood. Elles incarnent ici à la fois des personnages féminins et masculins, jouant avec les travestissements, pour raconter une histoire de séduction ou elles incarnent les regardeurs et les regardés, les amoureux et les personnes aimées, dans un étrange jeu de miroirs.

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Pauline Zenk

Issues principalement de la série « Get real » (devenir réel), les peintures présentées ici sont des portraits et vues de personnes récupérées par l’artiste sur les réseaux sociaux. Il s’agit d’un travail qu’elle a amorcé dès la fin de ses études autour de la représentation du corps sur le web : « qu’est-ce qu’internet fait aujourd’hui à nos corps ? Quel genre de miroir de nous-même est-t-il ? ». Internet semble être un miroir déformé ou trompeur. L’artiste récupère ainsi des photographies pour les traiter par la peinture, en les floutant. Certaines présentent des postures très stéréotypées de nos corps à l’écran : des selfies (cf plan : peintures n°1, 2, 3). D’autres sont des portraits utilisés pour des faux profils utilisés sur des sites de rencontres pour donner d’eux-mêmes une image qui correspond plus aux critères de beauté que leur propre corps (cf plan : peintures n°12, 16), d’autres encore montrent des personnes qui se dévoilent et se mettent à nu : des photographies qui ont souvent été retirées des réseaux sociaux pour leur caractère érotique (cf plan : peintures n°3, 8, 9, 13).