Apprendre à mieux manger, quelle place pour les images?

C'est le titre de l'intervention que Sophie Vissère devait faire lors du forum Wikipolis. Le festival n'ayant pas eu lieu pour les raisons sanitaires que nous connaissons, Sophie nous livre ici sa note d'intention pour nous parler du Potager d'Aléna et partager sa démarche artistique autour de ce projet !

 

Note d'intention, Sophie Vissière

L’éducation est un facteur déterminant dans les comportements alimentaires. Que ce soit dans le cadre d’une restauration collective, à l’école ou en société, mieux manger est un apprentissage qui nécessite de rendre visible et d’expliquer ce qui reste invisible. Cette table ronde fait se côtoyer des récits autour du graphisme, de la didactique des images et des expériences éducatives.

J'ai d'abord suivi des études de graphisme durant lesquelles j'ai commencé à m'intéresser particulièrement au livre en tant qu'objet, puis un Master de recherche en Arts Appliqués qui m'a permis de comprendre que je souhaitais plus particulièrement m'adresser à des enfants pour partager des questionnements, des valeurs...
Le Potager d'Alena est mon premier album en tant qu'autrice et illustratrice (texte et images). Il met en parallèle l'histoire d'une petite fille, qui voit un champ évoluer au fil des saisons, et celle de la maraîchère qui cultive ce champ. A la fin du livre, les deux protagonistes se rencontrent au marché, ce qui permet à la première de comprendre d'où viennent les fruits et légumes qu'elle achète avec sa mère. Cette histoire est née de mes propres interrogations autour de l'alimentation, et de mes souvenirs de jardinage, petite.
Il a reçu le Prix « Versailles, Lire au Jardin », ainsi que le Prix « Books and seeds » de la Foire de Bologne, qui récompense un ouvrage dédié à la nature, l'agriculture et l'alimentation.

Le bon accueil qui a été réservé à ce livre m'a permis d'être invitée à rencontrer des classes dans le cadre de Salons du Livre, et de proposer des ateliers dans des médiathèques, des librairies, autour du livre et du thème des fruits et légumes et de l'agriculture.
Avec les enfants que j'ai pu rencontrer, nous avons beaucoup échangé autour de questions comme « Comment poussent les fruits et les légumes ? », « Pourquoi tous les fruits et légumes ne se récoltent pas à la même saison ? ». Avec les plus petits, le support du livre a permis de nommer les fruits et légumes, les outils de jardinage...
J'ai aussi proposé des ateliers d'arts plastiques, comme la fabrication d'un leporello de quatre pages avec un fruit ou un légume représenté pour chaque saison, un autre où l'on voit un paysage évoluer en quatre séquences, la fabrication d'un jeu de mémory des fruits et légumes... en utilisant le pochoir ou le papier découpé et des crayons de couleurs pour partager la technique d'illustration que j'ai employée dans ce livre.

Ces rencontres scolaires et ces ateliers ont donné lieu à de nombreux échanges avec les enfants.
Je m'attendais à d'importantes différences de réactions entre les enfants grandissant en ville et ceux qui habitent à la campagne, mais je me suis rendu compte que la fracture se situait davantage dans la différence de milieux sociaux dont sont issus les enfants.
Au-delà de ces différences, sur lesquelles il me paraît vraiment urgent de travailler, j'étais heureuse d'entendre des enseignants me dire que certains enfants qui avaient des difficultés à l'école avaient pris confiance en eux en voyant leurs connaissances pratiques valorisées dans les discussions apparues autour de la lecture du livre.

Pour un enfant non lecteur, l'image est un outil d'émancipation. Avant d'apprendre à lire des mots, les enfants apprennent à regarder et à lire les images, ce qui leur donne un premier accès autonome au livre. Je me souviens, enfant, avoir passé des heures à regarder les illustrations sur des livres de cuisine, m'imaginant le goût, les textures de ces aliments parfois curieux, sans forcément avoir l’opportunité de goûter ces recettes ensuite.
Le dessin, tout comme la photographie d'art, permet de donner une vision subjective des choses. En dessinant, il est possible de déformer la réalité, accentuer certains détails, donner une vision parcellaire des choses pour donner à voir, donner à comprendre ce qui demeure parfois invisible dans la réalité.
Dans Le Potager d'Alena, j'ai voulu partager avec l'enfant le plaisir que j'ai pu prendre à observer et dessiner les fruits et légumes – ces merveilles de la nature – dans l'idée d'éveiller sa curiosité et son intérêt pour ces aliments, de lui donner envie d'aller plus loin en les retrouvant en cuisine, en les touchant, en les sentant, en les goûtant.

Les ateliers que j'ai pu mener cet été en partenariat avec le Quai des Savoirs ont été l'occasion de confronter mon approche plastique avec l'approche scientifique des médiateurs du Quai des Petits, deux points de vue qui se complètent très bien.
L'approche scientifique permettait aux enfants de mettre en résonance les éléments de l'histoire avec le réel en sentant, touchant, coupant les fruits et légumes, et d'échanger autour de leur rapport à la cuisine au quotidien.
L'idée de pouvoir proposer des entrées multiples liées au 5 sens pour aborder le thème des fruits et légumes et de l'agriculture m'a semblé extrêmement riche pour parvenir à intéresser et à impliquer un maximum d'enfants d'origines sociales et de sensibilités diverses.

 

Mais aussi ...

Sophie Vissière a également animé des ateliers l'été dernier. Ainsi, les enfants du centre de loisirs et les usagers du Pavillon Blanc ont pu s'exercer à l'illustration à ses côtés.

Travail au pochoir...retour sur un atelier qui sentait bon le potager. A table!!!

 Sophie Vissière

Sophie Vissière

 

Quelques ouvrages à découvrir, disponibles dans le fond !

 

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